lundi 26 novembre 2012

Venaria reale

Construction demandée par Carlo-Emanuele II, la résidence de plaisance appelée Venaria Reale (car le Duc Charles-Emmanuel II pensait que ce serait une zone où l'on pourrait pratiquer la chasse aux styles des rois) est située non loin de Turin à seulement 40 minutes en transports en commun an nord. Etant un palais royal, on l'appelle aussi Reggia di Venaria Reale.

A deux pas de Turin

Comme dit très récemment plus haut, c'est Charles-Emmanuel II qui a voulu ce palais inspiré par Charles-Emmanuel Ier (son grand-père; son père étant Victor-Amédée Ier; oui comme dans toutes les dynasties, c'est le bordel) qui avait fait construire pour sa femme Catherine Michelle d'Espagne le Palais Mirafiori situé à Mirafiori dans le sud proche de Turin. Ainsi pour laisser un souvenir à sa femme Madame de Nemours, il acheta à une famille milanaise deux petits villages Altessano Superiore et Altessano Inferiore (oui, deux villages...). Il renomma la zone Venaria en raison de sa future fonction comme base de chasse. Et il confia la conception aux architectes Amedeo di Castellamonte et Michelangelo Garove. Les travaux se sont fait en plusieurs fois à cause:


  • de dégâts lors de l'invasion française de 1693 et des modifications de plans par le fils Victor-Amédée II,
  • de dégâts lors du siège de Turin en 1706.
Les travaux ont été alors confiés à Filippo Juvarra. Mais au cours de la domination napoléonienne, l'édifice fut transformé en caserne et les jardins détruits pour créer un terrain d'entrainement. Les bâtiments ont gardé leur vocation militaire jusqu'en 1978, date à laquelle le Ministère de la Culture a racheté le lieu.

Pour plus de renseignements sur la dynastie des Savoie, je vous invite à visiter ce site: http://www.sabaudia.org/v2/dossiers/maisondesavoie/public1.php

Le lieu possède donc d'immenses bâtiments accolés et un parc.

Le parc doit être magnifique aux beaux jours lorsque le soleil et les fleurs subliment le lieu. Cependant même à cette période, il est agréable de se promener autour des fontaines, du potager en hibernation et dans les diverses allées.

Temps parfait pour se balader

Le jardin

Les jardins originels ont aujourd'hui totalement disparus depuis l'époque napoléonienne. Les archives montrent un jardin à l'italienne avec trois terrasses reliées par des escaliers et divers éléments. Les récents travaux permettent d'imaginer la structure mais ont créé un style moderne présentant les oeuvres de Giuseppe Pennone.


Fontaine su style moderne

Fontaine non restaurée
  
Le grand bassin

Soleil couchant

Le potager

Fontaine du potager


Le palais est constitué de la Cour d'honneur - Corte d'onore - qui comporte une fontaine autrefois ornée d'un cerf et d'un ensemble de bâtiments. La partie la plus vieille a été recouverte de plâtre au XVIIe siècle avant de voir une aile ajoutée en brique au XVIIIe siècle. Cette aile comporte notamment l'immense galerie de Diane. La galerie amène à une autre partie imposante du palais où se situe l'église Saint-Hubert et les écuries.

Panorama de la Corte d'onore

Galleria di Diana

Eglise Saint-Hubert

Le palais est bien sûr aménagé en musée. Musée magnifique qui retrace la longue dynastie des Savoie qui a duré environ un millénaire, qui retrace également l'Histoire de Turin et du Piémont et qui présente les différents pièces du palais. Il y a également une exposition des oeuvres du célèbre joaillier Fabergé. Si vous passez à Turin, je vous invite (bien sûr de venir me faire coucou mais aussi) à visiter ce lieu et ce musée très intéressant: www.lavenaria.it


Era Venaria Reale.

mercredi 21 novembre 2012

Alessandria


Envie de bouger un peu de Turin, c'est reparti pour découvrir un autre point du Piémont, Alessandria. Connu par tous les systèmes de localisation pour faire partie de l'Egypte, il faut préciser Italia ou Piemonte pour que vous puissiez voir où ce situe cette ville... Ou vous pouvez très bien regarder ci-dessous.

Géolocalisation d'Alessandria dans la province du même nom et de la province en Italie

Je ne connaissais pas cette ville mais si je vous dis que Napoléon y ait passé pour notamment la bataille de Marengo en 1800 ou que le chapeau Borsalino y a été fait, vous devez sûrement être en train de faire "AAaaaahhh!". En plus d'autres surprises, nous n'avons pas été déçu (en excluant le temps).

Alessandria est une ville située au milieu du triangle Torino-Milano-Genova, à 1 grosse heure en train régional à l'est de Torino, le long du fleuve Tanaro. La zone constitue donc un noeud d'échange pour les trois grandes villes cités, notamment ferroviaire. Elle est le chef-lieu de la province du même nom qui fait partie de la région Piemonte. La ville comprend environ 95 000 alessandrini (soit selon vos repères 2 fois moins que Reims, 5 fois moins que Lyon ou 4 fois plus qu'Epernay).

Alessandria – Stemma               Alessandria – Bandiera
Héraldique et drapeau d'Alessandria

Historiquement, la ville est très jeune et possède une histoire bien sûr complémentaire aux autres villes de la région déjà visitées (Torino, Aosta, Savona). Elle est construite sur le bourg de Rovereto et nommée Alessandria en l'honneur du Pape Alessandro III. Née officiellement en 1168, construite à la hâte en bois et en chaume par la ligue lombarde pour s'opposer à Frederico I Barbarossa suite à son excommunication par le Pape, elle est aussi surnommée Alexandrie de la Paille (della Paglia). Elle résistera au siège de 6 mois (29 octobre 1174 - 12 avril 1175) de Barberousse qui avait pourtant déjà pris Susa et Asti.
En 1348, après deux siècles de liberté, Alessandria tombe aux Visconti et passe avec leurs biens aux Sfroza jusqu'en 1707 quand elle fut cédée à la Savoie. Elle appartint bien sûr à la France de 1796 à 1814 avant de retourner aux Savoie dans le Royaume de Sardaigne. Pendant le Risorgimento, la ville fut un centre actif des libéraux et est la ville de naissance d'Urbano Rattazzi figure de cette période.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville stratégique a subi de nombreux bombardements dont un qui tua 60 enfants d'une crèche.

On peut donc retracer facilement l'histoire de la ville en la parcourant.

La cathédrale

La préfecture

La mairie

Comme je vous l'ai dit au début, la ville est connue pour le fameux chapeau Borsalino qui y a été créé en 1857 par Giuseppe Borsalino

Un chapeau Borsalino

L'entreprise Borsalino

Il y a aussi encore de nombreuses églises, témoins du caractère pieu des italiens.

Chiesa Nostra Signora di Loreto

Chiesa Santa Maria di Castello

Mais le lieu à voir, "the place to be", c'est la citadelle. C'est un édifice immense, vraiment très impressionnant, construit à parti du début du 18ème siècle sous Vittorio Amedeo II. La citadelle est gigantesque et les constructions de bastion se sont succédées jusque sous Napoléon I qui a déboursé une somme extraordinaire pour aménager des espaces sous-terrains. Bonaparte avait même fait détruite les autres constructions militaires de la région pour en faire le point de départ des futures expéditions.

Les français ont occupé la citadelle et Alexandrie de 1796 (Traité de Cherasco) à 1799 avec la victoire austro-russe après un siège de 15 jours qui a détruit l'artillerie de la citadelle obligeant le commandant français à l'abandonner. Le commandant et les troupes furent humiliés et insultés par les habitants alexandrins. Pas de bol, le 14 juin 1800 avec la victoire de Marengo, les troupes françaises reprennent la citadelle avec le même commandant (dont j'ai oublié le nom) qui s'est "vengé" en les faisant payer et travailler aux améliorations de la citadelle. Les français refurent délogés avec la chute de Bonaparte.

La citadelle possède une structure militaire très élaborée. La géométrie permet aux six bastions de tirer en feux croisés. De plus, elle possède des triangles de contre-garde et de demi-lunes qui encaissent les boulets assaillant et qui empêchent l'attaquant d'abattre les murs principaux de la citadelle. L'intérieur de certains des bastions aménagés sous Napoléon I a été étudié pour une autodestruction si l'ennemi venait à prendre la citadelle en faisant sauter des charges explosives à des endroits structurels stratégiques. 
Les explications complètes nécessite une visite qui vaut absolument le coup. Intéressé(e)s d'Histoire, de diplomatie, guerre, etc, je vous invite à venir visiter la citadelle.

Photo aérienne de la citadelle

Géométrie de la citadelle
(défense en étoile à 6 branches avec les 6 bastions Santa Cristina, San Antonio, Beato Amedeo, San Carlo, San Tommaso et San Michele avec les bâtiments de vie au milieu)

A gauche un triangle de contre-garde

L'entrée avec la Porte Royale

Le bastion de Saint Antoine

Bâtiment de Saint Antoine où est la salle d'Artifice

Poudrière à gauche et bâtiment de Saint Michel

Sous-terrain du bastion Saint Michel

Sous-sol du bâtiment Saint Michel avec les dortoirs

Sous-sol du bâtiment Saint Michel avec les prisons


Era Alessandria.

vendredi 16 novembre 2012

Polito

L'Ecole polytechnique de Turin plus connu sous le nom Polito pour Politecnico di Torino est l'institution dans laquelle je suis inscrit en ingénierie aérospatiale.

Cependant avant de la décrire, je tiens d'abord à expliciter le système éducatif italien. Comme l'explique le comparatif suivant, les systèmes sont assez proches. Cependant, on peut remarquer qu'en Italie, des évaluations existent afin de s'assurer du niveau des élèves dès la fin de l'école maternelle mais aussi à la fin de l'école primaire. Ces évaluations visent à juger les niveaux en mathématique et en italien (la langue). On remarque que la période du collège dure 3 ans au lieu de 4 en France et que celle du lycée dure 5 ans au lieu de 3 en France. Ainsi, par un petit calcul d'arithmétique, on remarque que les italiens ont selon la tabulation leur baccalauréat dit esame di maturità à 19 ans au lieu de 18 en France. Enfin, les cycles supérieurs sont identiques car les deux pays sont fixés sur le système européen LMD (Licence Master Doctorat) appelé en italien Triennale - Laurea Magistrale ou Specialistica - Dottorato. On peut remarquer qu'il n'existe pas de Grandes Ecoles en Italie car ce système est purement français.


Comparatif des systèmes éducatifs français et italien


Le cursus supérieur se déroule donc en théorie sur un même lapse de temps qu'en France. Cependant, on observe plusieurs comportements:
les étudiants prennent une pause pour travailler, gagner de l'argent et reprendre leurs études après;
- les étudiants acceptent un emploi après un niveau (exemple Licence) et étudie le niveau supérieur après quelques années de travail dans le cadre de leur fonction (exemple Master);
les étudiants valident lentement les enseignements pour avoir une note excellente dans chaque matière (30/30) et sortir avec un diplôme excellent (130/130 + les laude qui sont les honneurs). Les entreprises n'embauchent que les meilleurs par rapport au diplôme.
Ainsi, on côtoie facilement au quotidien des étudiants de 30 ans qui finissent leurs études avec seulement un Master ou qui reviennent les faire. C'est un vrai méli-mélo.

Enfin ce que je trouve dommage de mon point de vue, c'est qu'il n'y a pas de stage si ce n'est à ou avant la dernière année. Ainsi, à chaque vacance (dont celles d'été qui durent 3 mois), les étudiants retournent chez eux se tourner les pouces ou ont un petit job s'ils sont chanceux. ils n'utilisent donc pas ce précieux temps pour appliquer leur connaissance et n'ont donc pas un CV solide (comparé à d'autres nationalités) lors de l'entrée dans le monde du travail.

Cependant, certains choisissent des formations à l'étranger et surclasse donc la moyenne nationale mais cela reste une minorité. La majorité possède une certaine peur de partir car ils sont bien chez papa et maman; et même papa et maman ne veulent pas les laisser partir. L'esprit de famille, de protection et d'attachement au village n'est absolument pas un faux stéréotype même s'il ne faut pas le généraliser à tous les italiens.


Avant de revenir sur le Polito, je tiens à vous signaler que le système éducatif italien est actuellement en crise pour plusieurs raisons:
- les finances sont au plus bas et le gouvernement ne donne plus assez d'argent aux institutions pour payer les frais fixes, entretenir les locaux, développer les cours et donc former la jeunesse avec qualité;
- le nombre d'élèves en université augmente à cause du manque de travail. En effet, au lieu d'être au chômage, certains préfèrent continuer les études pour s'occuper et avoir un plus.
- la reconnaissance des diplômes diminue à cause du manque de poste sur le terrain pour un travail donné, les employeurs demandent désormais des compétences sur-qualifiées pour ce travail afin de sélectionner. 
On peut se dire qu'on observe un tel phénomène en France mais je peux vous assurer qu'ici le phénomène est amplifié. Après témoignages, je peux dire qu'on arrive actuellement à des parcours atypiques car les individus cherchent du travail à tout prix et prennent ce qui arrive.

Ainsi, un jeune homme qui avait débuté une formation de géomètre a accepté d'être embauché directement par son entreprise de stage (stages non payés en Italie) en tronquant sa formation et donc sans avoir son diplôme pour avoir un travail directement. En effet, un ana plus tard, ce poste aurait certainement été pris. Cependant avec la crise, cet homme a subi deux fermetures d'entreprise et après 6 mois de chômage, il a accepté un poste d'évaluateur de dégâts pour une assurance, poste auquel il ne connaissait rien à son entrée... Cet exemple montre bien le caractère atypique qu'un parcours peut avoir ici.


Mais revenons au Polito. Cette institution constitue avec l'Université de Turin (alias Unito) la quasi totalité des institutions où sont inscrits les étudiants à Turin. Il est évident que la division en deux des étudiants turinois entraînent un nombre gigantesque d'étudiants, un système éducatif et un environnement gargantuesque dans chaque institution. En effet, le Polito compte environ 28 000 étudiants répartis sur plusieurs campus selon leur formation. 



Politoseal.png     

Logos de l'Ecole Politechnique de Turin

Le Polito correspond à des formations tournées vers l'ingénierie et l'architecture. c'est pourquoi il est composé des 6 facultés d'architecture I et II et d'ingénierie I, II, III et  IV. Ces six facultés sont représentés sur un ou plusieurs des 5 campus du Polito:
                                                    
                        
Position des campus dans Turin


- Sede Centrale (Corso duca degli Abruzzi), campus principal.

Entrée du siège centrale du Polito

- Castello del Valentino, campus où les facultés d'architecture ont une partie de leurs cours.

Castello del Valentino

- Lingotto avec l'ancienne piste d'essai de FIAT sur le toit du complexe, où les cours d'automobile étaient dispensées (il y a changement).

Lingotto

- Mirafiori dans les locaux FIAT, où les cours d'automobile sont désormais dispensées.

Mirafiori
- Corso Francia dans les locaux d'Alenia, où certaines activités d'aéronautique sont dispesées.

Alenia Space

Sur le plan pratique, malgré le nom d'Ecole, le Polito reste une université et fonctionne comme une université française (comme dit plus haut, les Ecoles n'existent qu'en France: Polytechnique, Centrale, Mines, etc). Ainsi les cours se déroule en amphithéâtres avec un nombre d'étudiants dépendant du cours. En première année de Licence (Triennale), les amphis sont constitués de 1 000 étudiants alors qu'en première année de Master (Laurea Specialistica) les amphis sont constitués de 200 étudiants et de 40 dans les options.

L'un des points forts de telles institutions est les partenariats qu'elle possède aussi bien universitaire qu'industriel. Sur le plan universitaire, le Polito est reconnu aux niveaux national et mondial pour plusieurs de ses formations. C'est pourquoi d'autres institutions y envoient des étudiants (comme Centrale Lyon qui a accepté ma mobilité en ingénierie aérospatiale). De plus, ses formations sont liées à des partenaires industriels qui enseignent et recrutent tels que Alenia Space, Motorola, Compaq, Ferrari, Intel, General Motors, Ericsson, Schneider Electric, Fiat, Pininfarina, IBM, Microsoft, Nokia, STMicroelectronics, etc.